Le blog de Luc Simon

Face au fracas de la route du Rhum, la discrétion de Jacques Riguidel, parti pour un tour du monde à l'envers.

La route du Rhum jusqu'à plus soif. La route du Rhum et son grand barnum, ses montagnes de dollars, ses têtes d'affiches; la Route du Rhum et ses gadgets, tee-shirts et casquettes, sacs de sport et posters; la Route du Rhum et ses pleines pages dans les magazines, ses heures d'antenne sur les chaînes; la Route du Rhum et son hystérie jusqu'à l'overdose.

Le contraste est grand avec la discrétion du départ, quelques jours auparavant, du skipper Jacques Riguidel. Le jour de son 60ème anniversaire, Jacques Riguidel s'apprête à accomplir un exploit unique.

Un triple défi. Il a d'abord entrepris de construire, seul, en dix huit mois de travail acharné, le Solaire 34, ce 34 pieds, 10.40 mètres, de bois. Chacun que la moindre erreur risque de lui être fatale.

Deuxième défi, le tour du monde à l'envers et sans escales, contre les vents dominants et les courants pendant huit mois. Plus de 55 000 kilomètres à affronter les tempêtes et les dépressions des quarantièmes rugissants.

Seuls six marins ont réalisé cet exploit avant lui. Jamais sur un si petit bateau. Une aventure aussi sportive que dangereuse.

Dernier défi, écologique celui-là, n'utiliser aucune énergie fossile. Pas de moteur auxiliaire, ni de groupe électrogène, juste des panneaux photovoltaïques et une batterie et un minimum d'instruments.

Il a largué les amarres sous les applaudissements d'une poignée de supporters, dans un climat de sourde anxiété mêlée d'amertume : lui a eu droit à un entrefilet dans Ouest France et le Télégramme et un reportage sur France 3 Bretagne.

Pas un point, pas une ligne dans le médias nationaux pour cause de Route du Rhum.

Jacques Riguidel se bat actuellement contre les événements, contre son navire, contre lui-même.

Retour prévu au mieux en juin 2015.

Nos pensées l'accompagnent...